HOMMAGE AU Professeur René HUGONNIER

1914-1982

"C'est pour moi un honneur, mais aussi une grande satisfaction que de préfacer le premier numéro du "Journal Français d'Orthoptique". Son existence prouve que les efforts de quelques uns n'ont pas été vains. L'orthoptique française est maintenant en pleine maturité... nul doute qu'un brillant avenir ne soit promis à ce journal. Qu'il me soit permis d'en faire l'hommage à l'esprit de L.E. Javal sans qui l'orthoptique n'existerait pas."
Professeur René HUGONNIER, Juin 1969.

Le professeur HUGONNIER est mort le 5 mars 1982, quelques jours après la sortie du n° 14 du "Journal Français d'Orthoptique". Les quelques lignes qui précèdent sont extraites de la préface qu'il avait bien voulu écrire pour le premier numéro du Journal. L'oeuvre du Professeur HUGONNIER a permis l'épanouissement de la profession d'Orthoptique et contribué au succès de cette revue.

René HUGONNIER est né le 1er juin 1914 à Montailleur, petit village des Alpes Françaises. II fit ses études secondaires à Chambéry, et vint à Lyon pour ses études médicales. II passa brillamment les concours hospitaliers d'externat, d'internat puis d'ophtalmologicat des Hôpitaux de Lyon.

Sa carrière universitaire proprement dite débuta en 1961, lorsqu'il devint Professeur Agrégé, et connut son apogée en 1970, année où il fut nommé Professeur de Clinique Ophtalmologique Universitaire à Lyon, succédant au Professeur Louis Paufique.

Lors d'un séjour en Angleterre, très tôt après la seconde guerre mondiale, il s'intéressa puis se passionna pour les problèmes de la vision binoculaire, un des premiers en France, avec les docteurs Hartmann et Braun-Vallon.

Dès 1955, il entreprit la rédaction d'un ouvrage de renommée universelle : "Strabismes, Hétérophories, Paralysies oculo-motrices : les déséquilibres oculo-moteurs en Clinique".

La première édition parut en 1959. Elle connut un immense succès, et fut suivie de beaucoup d'autres qu'il modifia et remit à jour avec la collaboration de sa femme, Madame le Docteur Suzanne HUGONNIER-CLAYETTE. Ce livre a été traduit en langue anglaise, en langue espagnole, et la dernière édition française est sortie en 1981.

En 1957, les deux toutes premières écoles d'orthoptistes furent ouvertes en France : l'une à Nancy par le Professeur THOMAS, l'autre à Lyon par le Professeur HUGONNIER.

Mais exception faite du "Manuel du strabisme" de JAVAL, auteur pour lequel il éprouvait une grande admiration, le seul ouvrage didactique strabologique et orthoptique très complet écrit en langue française, reste encore celui du Professeur HUGONNIER. Tous les ophtalmologistes intéressés par la strabologie, tous les élèves orthoptistes français l'ont eu entre les mains. De ce fait, nous ne croyons pas nous tromper en écrivant que par ce biais, tous ont été plus ou moins formés par lui.

II participa à de nombreux Congrès .de Strabologie présida de nombreuses tables rondes dans le monde entier. II fut membre fondateur du "Comité Européen de Strabologie" (CESSD) et ancien Vice-Président de "l'International Strabismological Association" (ISA) . II fut également Président de la Société d'Ophtalmologie de Lyon, puis Président de la "Société Française d'Ophtalmologie".

Sa renommée universelle attira des malades du monde entier dans ses consultations. Elle lui valut plusieurs décorations : il reçut entre autres la médaille d'Officier de l'Ordre National du Mérite de la République Italienne. II était également Officier de l'Ordre Français National du Mérite.

Dans son enseignement, dans l'exercice de la profession, il faisait preuve de beaucoup de sens clinique et de rigueur. Très cultivé, il était membre de "l'Académie des Sciences, Belles Lettres et Arts de Lyon" : il en fut le président durant l'année 1981.

Son abord froid et réservé cachait en fait sa bienveillance, sa tolérance, son respect des autres, et aussi une certaine émotivité. Tout son entourage hospitalier a été le témoin des qualités de courage et de dignité qu'il a manifesté devant la maladie.

A sa femme, Mme le docteur Suzanne HUGONNIER-CLAYETTE, qui fut sa fidèle et très efficace collaboratrice, et qui sut être les derniers temps, la compagne courageuse digne et lucide qu'il méritait, l'Association Française des Orthoptistes renouvelle toute sa sympathie et lui souhaite encore de longues années entourée de tous les siens.

LA RÉDACTION DU JOURNAL FRANÇAIS D'ORTHOPTIOUE

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